Internat de santé publique et médecine sociale
Généralités/En pratique
- le fait de ne pas avoir de satisfaction immédiate par rapport au travail effectué, celui-ci ayant des résultats en général à moyen ou long terme ; ni de reconnaissance comme les cliniciens en ont de la part de leurs patients par exemple ;
- la difficulté pour certains de choisir entre les différentes branches de la santé publique ;
- un début d’internat assez déstabilisant, celui-ci étant assez éloigné de la formation aussi bien théorique que pratique de l’externat
Mais aucun de ces points ne doit vous faire reculer, ce sont des choses auxquelles on s’attend, on se prépare, et donc que l’on surmonte sans souci !
Certes le travail est sans doute moins contraignant que celui des internes de clinique, mais il ne faut pas non plus s’imaginer que les internes de santé publique ne font rien. Le rythme de travail et donc de vie dépend bien sûr de la propre motivation de l’interne et des lieux de stage choisis. En stage, il n’y a pas de salle à faire tourner, de permanence de soins à assurer, etc. Mais les projets qui sont confiés à l’interne doivent avancer, et, même si l’interne est libre de gérer son temps comme il l’entend, il doit à un moment donné rendre des comptes à son responsable de stage. De plus, les projets de stage les plus intéressants peuvent être ceux où les responsabilités sont les plus importantes et donc… la charge de travail aussi.
Concrètement, le salaire annuel passe d’environ 22 000€ brut/an en 1re année à environ 28 000€ brut/an en 4e année (sans les gardes). Le chiffre donné ici prend en compte les différentes indemnités (logement, nourriture, de sujétions…) auxquels la plupart des internes ont droit. Les grilles de salaires sont disponibles sur www.legifrance.gouv.fr. Les articles de référence sont les Articles R. 6153-1 à R. 6153-45 du Code de la Santé Publique. Le dernier arrêté en date est celui du 12 juillet 2010, dont la partie concernant les internes est ici.
Pour compléter votre revenu, certains stages donnent la possibilité de faire des gardes en plus (en général non obligatoires). Certains internes donnent aussi des cours de santé publique (aux kinés, infirmières, sages femmes…). Sous certaines conditions, il est aussi possible de prétendre aux APL, en particulier la première année d’internat. Renseignez-vous ici et faites des simulations ici.
Formation théorique
Ces modules sont à suivre en ligne sur la plateforme numérique SIDES.
→ Plus d’informations sur la page dédiée à la présentation de l’internat.
Dans certaines subdivisions, la coordination du DES peut aussi être amenée à organiser des enseignements « intra-DES » à destination des internes, sous forme par exemple de présentations, de conférences, d’ateliers, etc. (pour Paris, voir la page dédiée au cours de DES).
Les internes peuvent renforcer leur formation théorique ou encore se spécialiser dans l’un des nombreux champs de la santé publique, en suivant des formations complémentaires au DES :
- masters 1 et masters 2 (des exemples par domaines ici)
- DU et DIU
- conférences, séminaires et écoles d’été
- formations en ligne type « MOOC » (des exemples ici)
Enfin, les internes ont la possibilité de suivre une formation spécialisée transversale (FST) pour se sur-spécialiser dans un domaine.
→ Plus d’informations, dont la liste des FST conseillées pour la santé publique ici.
- Les étudiants ayant fait leur externat à Paris doivent s’inscrire dans leur faculté d’origine. Par exemple, un étudiant issu de la faculté de médecine de Paris 5 devra s’inscrire en DES à Paris 5.
- Les étudiants ayant fait leur externant hors de Paris doivent obligatoirement s’inscrire dans la faculté de santé de Sorbonne Université.
Mais en pratique, la majorité des internes suit les enseignements d’un master 1 de santé publique dès la première année. Cela permet d’avoir de bonnes bases théoriques dès le début de l’internat.
Par ailleurs, un M1 de santé publique peut être exigé pour l’inscription à certains masters 2.
De la même façon, la majorité des internes suit un (ou plusieurs) master(s) 2 pour enrichir leur cursus et se spécialiser dans l’un des domaines de la santé publique.
→ Plus d’informations à ce sujet ici.
C’est pourquoi le SPI organise tous les ans une « Soirée M2 » pour y voir plus clair !
Un point important à prendre en compte dans son choix est la possibilité ou non de suivre le master sans prendre de disponibilité (c’est-à-dire sans interrompre son internat pour un ou deux semestres) : tout dépend du type de master, des responsables de stages, etc.
→ Pour plus d’informations, consulter la page dédiée aux masters 2, avec des exemples détaillés de masters par domaines.
Formation pratique : les stages
L’activité d’un·e interne de santé publique est assez variée ! Tout d’abord, il n’a pas de patients à voir, de prescription à faire, de permanence de soins à assurer… Il travaille beaucoup sur son ordinateur : pour la recherche documentaire, pour préparer un protocole d’enquête, un questionnaire, pour l’analyse (et la saisie, parfois) de données, pour la rédaction d’un rapport, d’un article… Mais l’interne de santé publique peut aussi être amené à passer aussi du temps sur le terrain pour recueillir les données dont il aura besoin, présenter ses résultats au sein de son stage ou en congrès, suivre des enseignements théoriques de DES ou formations complémentaires, participer aux réunions qui rassemblent toutes les personnes impliquées dans son projet…
Le premier semestre est souvent déconcertant car on ne maîtrise ni les outils, ni l’environnement. Mais on apprend assez vite, et les terrains de stage nous laissent aisément disposer du temps dédié à la formation théorique.
Voici l’activité « classique » d’un·e interne dans différents exemples de terrains de stage (à titre d’exemple, les activités et les types stages ne sont pas exhaustifs) :
- Dans une unité de recherche épidémiologique ou économique ou sociologique (type Inserm), l’interne de santé publique participe à l’activité de recherche, en réalisant la revue de la littérature, la saisie et/ou l’analyse de données, etc… Le stage se conclue fréquemment par la rédaction d’un article scientifique ou d’une note interne sur le travail réalisé.
- Dans une agence sanitaire, par exemple à Santé publique France, l’interne de santé publique peut participer à l’analyse d’une enquête, suivre les cours et les séminaires proposés par l’agence ; il peut également être amené à faire des déplacements pour une approche interventionnelle (exploration d’une épidémie, en France, à l’étranger).
- Dans un service de santé publique hospitalière, les possibilités sont très variées : les travaux potentiels vont de la modélisation mathématique à l’analyse de la qualité des soins, de l’exploitation des données du PMSI (T2A) au suivi des procédures d’accréditation, de l’aide au clinicien à la gestion d’essai thérapeutique…
- Dans un laboratoire pharmaceutique, l’interne de santé publique va se familiariser avec les études post-AMM, la pharmaco-épidémiologie, la recherche clinique…
- L’interne peut être amené a avoir une activité de terrain comme par exemple en prévention au Conseil Général de Seine-Saint-Denis (CG93) ou encore être en contact avec des acteurs de terrain comme par exemple au sein d’un cabinet de conseil…
- soit sur toute la durée du stage, comme l’Institut de Recherche pour le Développement à Cotonou (Bénin), ou l’Institut National d’Etudes Démographique (INED) à Chiang Mai (Thaïlande)
- soit sur une partie des 6 mois, comme à l’Institut Pasteur (Madagascar, Cameroun, République Centrafricaine, Egypte, etc.)… Il s’agit généralement de stages d’épidémiologie.
Au niveau européen, EuroNet-MRPH est un réseau d’association d’internes de santé publique qui regroupe des internes de nombreux pays européens dont la France. Une des finalités de cette association est de favoriser les échanges et les stages à l’étranger. Il est possible de demander l’ouverture d’un nouveau terrain de stage, sous certaines conditions.
Pour un 1er stage, il est souvent difficile de choisir. Il faut s’appuyer sur les fiches de poste détaillant les projets proposés par les responsables de stage, et les fiches d’évaluation rédigées par les internes ayant choisi les terrains de stage au semestre précédent. On peut s’orienter vers un projet traitant d’un problème de santé intéressant, un domaine de la santé publique attirant, ou un terrain de stage en fonction des compétences que l’on souhaite acquérir dès le début d’internat. Il ne faut cependant pas s’attendre à tomber pile sur ce que l’on cherche dès le 1er semestre, mais c’est vrai dans toute discipline !
Passer d’une activité clinique au cours de l’externat à une activité plus sédentaire, derrière un bureau, c’est vrai que ce n’est pas toujours facile, mais on s’y fait ! Il ne faut pas oublier que la première année s’accompagne le plus souvent des cours de M1.
Les stages proposés sont les mêmes que pour tout interne souhaitant faire un hors-filière en clinique ! Pour valider le DES de santé publique, il faut réaliser au minimum 6 semestres de santé publique ; 2 semestres sont libres, l’interne peut donc réaliser des stages de clinique en gériatrie, maladies infectieuses, nutrition, cancérologie…en fonction de son classement.
Les activités de prévention, dépistage, éducation à la santé, etc. peuvent constituer un équilibre entre clinique et santé publique.
Certaines formations spécialisées transversales (FST) peuvent donner une valence clinique à l’internat de santé publique, comme la nutrition appliquée, l’addictologie, ou la médecine scolaire (plus d’informations ici).
A titre d’information, les DESc ne concernent que les internes ayant passé l’ECN avant la réforme du 3ème cycle.
Attention, le caractère obligatoire ou non est parfois fluctuant pour un même hôpital, en fonction des semestres. Au vue de la tendance actuelle, il est peu probable que les hôpitaux ré-instaurent des gardes obligatoires. Ceci étant, pour avoir une réponse claire, pensez à regarder les fiches d’évaluation et/ou à demander à l’interne qui y est passé avant.
A titre d’information, au bout de 2 ans d’ancienneté, il est accepté que les gardes ne peuvent plus être obligatoires pour un·e interne de santé publique.
Où faire son internat
La plupart des CHU qui accueillent des internes de santé publique ont théoriquement les capacités de les former, autant au niveau des stages que des formations théoriques. Cependant, il y a des villes/interrégions « favorisées »…
A Paris, l’organisation est régionale et cela change tout : nombre important d’internes de santé publique, de choix de stages et de formations théoriques. Le choix de stages est plus que varié : toutes les structures régionales sont accessibles ainsi que les structures nationales (ARS, Santé publique France, Agence de la Biomédecine, ANSM…), de nombreux CHU, le ministère de la santé (ex : la DGS), de nombreuses unités de recherche Inserm, des sièges de laboratoires, etc… En termes de formations théoriques complémentaires, les parisiens sont également bien lotis, car il existe plusieurs facultés de médecine et la plupart des grandes écoles ou facultés réputées sont sur Paris.
→ Plus d’information sur l’internat de santé publique à Paris dans cette rubrique dédiée.
On pourra aussi noter les villes suivantes :
- Bordeaux, où se situe l’Institut de Santé Publique, d’Epidémiologie et de Développement (ISPED) ;
- Nancy, qui a une bonne école de santé publique ;
- Toulouse, qui est réputée sur le sujet des inégalités sociales de santé ;
- Grenoble, pour la santé environnementale ;
- Lille, pour l’informatique médicale ;
- Rennes, où se situe l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (EHESP).
Le mieux est de contacter les différentes associations des internes pour avoir leurs impressions et avis, via le site du CLISP.
Finalement, le choix du CHU dépend fortement des projets de l’interne (disciplines, stages, choix de vie…).
- pour profiter d’une offre de stage large et diversifiée
- pour bénéficier d’une vaste offre de formation
- pour faire partie d’un réseau actif
- et enfin… pour Paris !
Cette rubrique dédiée propose des éléments de réponse plus en détail !
Médecin spécialiste de santé publique : la profession
Le médecin spécialiste de santé publique travaille le plus souvent au sein des structures qui accueillent les internes en stage. La différence est qu’il est responsable à part entière des projets menés. Ces projets sont variés : enquêtes, actions de santé, programmes d’évaluation… en France, mais aussi à l’étranger. Ils apportent un avis d’expert, et les résultats de leurs travaux sont souvent une aide à la décision en politique de santé.
Généralement, c’est une carrière à plusieurs facettes qui se profile, les médecins de santé publique ayant la possibilité de travailler dans plusieurs structures du fait de l’acquisition de compétences variées.
- Dans l’industrie pharmaceutique, les postes sont variés : recherche, autorisation de mise sur le marché, communication/marketing de produits…
- Les carrières hospitalières suivent le même schéma que pour les cliniciens : AHU / MCU-PH / PH / PU-PH… dans les domaines de l’information médicale, de l’hygiène hospitalière, de services de biostatistique…ou dans des services cliniques (infectieux, gériatrie, médecine légale…). En pratique, le poste d’Assistant Hospitalo-Universitaire est l’équivalent de chef de clinique mais sans la partie clinique . Il a deux fonctions : de recherche, sur une thématique qui dépend du service, et d’enseignement (en général des TD). Il travaille aussi avec les cliniciens de l’hôpital pour les aider sur différentes études.
- La recherche comprend les secteurs public (Inserm, CNRS, IRD) et privé (Institut Pasteur, laboratoires pharmaceutiques). L’Inserm héberge une recherche de haut niveau sur à peu près tous les sujets imaginables. Il est possible d’y travailler et d’associer à cette activité une carrière hospitalo-universitaire. Les journées sont constituées de réunions d’équipe pour organiser et suivre l’avancement des projets, de réunions à l’extérieur (soit scientifiques type séminaires, soit chez les financeurs pour les convaincre de l’intérêt de projets), de congrès à l’étranger, d’analyses de données, de réflexion autour de questions de recherche et de rédaction d’article, d’encadrement d’étudiants M1 ou M2 ou encore de l’enseignement en cas de fonction universitaire. A l’IRD se trouve une recherche spécifique sur des thématiques des pays en développement. Mise en place, organisation et suivi de projet de recherche, avec plus ou moins de terrain, puis analyse des données, rédaction/publication… telles sont alors les missions des médecins de santé publique.
- Certains médecins de santé publique sont des consultants indépendants, dans le secteur privé, pour les laboratoires de recherche, les institutions, les médias, le conseil au codage…
- Il est possible de se projeter dans une carrière internationale : dans les institutions internationales (OMS, ONUSIDA…), l’industrie pharmaceutique, les cabinets de consulting internationaux. Un aspect à ne pas négliger est la perte du réseau constitué après un départ à l’étranger : au retour, il n’est pas toujours évident de se réinsérer, de retrouver des contacts, etc.
- Une carrière publique nationale est envisageable, comme conseiller d’État ( au ministère de la santé, à la direction générale de la santé …), directeur d’établissement de soins, agent de structures sanitaires (Santé publique France, ANSM, agence de biomédecine…), au sein des Agences Régionales de Santé, conseils généraux, centres de PMI… Dans les agences, les projets portent sur différentes thématiques, avec des missions variées : l’optique est plus « opérationnelle » et moins « recherche » mais avec une forte composante « épidémiologie » : de la surveillance des maladies à déclarations obligatoire à l’appui des ARS pour investiguer des épidémies, mener un projet de recherche en santé environnementale suite à des plaintes de la population, mise en place d’un programme de santé demandé par le ministère, investigation des alertes sanitaires sur le terrain.
- Enfin, des postes en ONG sont pourvus par des médecins de santé publique (direction, gestion de projets, recherche…).
Des interviews d’anciens internes de santé publique seront bientôt mises en ligne sur le site pour vous donner une idée des débouchés potentiels.